tables-rondes

De la misère en milieu étudiant… : héritage et actualité

Lundi 21 novembre, à 18h
Salle Pasteur du Palais universitaire, place de l’Université
Entrée libre

Table-ronde des représentants d’associations et syndicats étudiants strasbourgeois – Union Nationale des Etudiants de France, Association Fédérative Générale des Étudiants de Strasbourg et Union des étudiants communistes -, animée par Jérémy Sinigaglia (sociologue et politiste, Institut d’études politiques, Strasbourg)

Les organisations étudiantes, syndicats et associations sont au cœur de l’histoire de la brochure. En 1966, quelques étudiants proches de l’Internationale situationniste sont élus au bureau de l’AFGES et entreprennent la rédaction d’un texte « de critique générale du mouvement étudiant et de la société », en lien avec Mustafa Khayati et des situationnistes parisiens ; la brochure est imprimée aux frais de la section strasbourgeoise de l’UNEF, dont la posture jugée « sous-réformiste » est vertement critiquée. En toile de fond, on trouve aussi le Parti communiste, la Ligue communiste révolutionnaire…
Comment les associations et syndicats strasbourgeois d’aujourd’hui se situent-ils par rapport à cette histoire ? S’en estiment-ils, d’une manière ou d’une autre héritiers ? Quelle est, pour ces militants, l’actualité de l’analyse et des propositions contenues dans la brochure situationniste ?

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Chauvin / Hubert / Paris Match – De la mystification à l'action politique : aucun détour ne ment

Vendredi 25 novembre, à 19h30
Stimultania - pôle de photographie, 33 rue Kageneck
Entrée libre

Projection et table-ronde en présence de Guillaume Chauvin, Rémi Hubert, Alain Kaiser (photographes-auteurs) et Gérard Berréby (fondateur et directeur des Éditions Allia). 

Suivie d'une discussion libre et festive. 

Chaque année, le magazine Paris Match organise un Grand Prix du Photoreportage Étudiant. Les images primées font l’objet d’une publication dans ses pages et leurs auteurs sont dotés d’une bourse de 5000 euros. Lors de la remise solennelle du Grand Prix 2009 à la Sorbonne, les lauréats Guillaume Chauvin et Rémi Hubert mettent l’hebdomadaire devant ses propres contradictions en dévoilant leur mystification : « Nous avons construit des mises en scènes sur des codes photographiques reconnus et proposons ici une interprétation de la réalité, construite, maîtrisée, au même titre que photographie et information interprètent des réalités. Nous tenons ainsi à souligner que le faux ne s’oppose pas au vrai, mais qu’il permet de faire émerger les mécanismes du discours. Notre démarche, en tant que faiseurs d’images, est une tentative de remise en question des rouages d’un discours médiatique qui a pour ingrédients la complaisance et le voyeurisme dans la représentation de la détresse. Grâce au Grand Prix Paris Match, nous souhaitons donc éveiller les consciences sur la fragilité, la force et l’ambiguïté des images d’information. Nous tenons à affirmer pour conclure que la photographie est pour nous une subjectivité qui se doit d’être responsable. » S'en suivirent alors polémiques, scandales et bons souvenirs… mais aussi la publication de l'ouvrage Aucun détour ne ment aux éditions Allia. 

Avec le reportage Mention Rien, Rémi Hubert et Guillaume Chauvin mettent en scène de manière racoleuse la précarité étudiante. Inspirés par le Manifeste De la misère en milieu étudiant…, ils utilisent des éléments de langage visuel éculés, des images-icônes, pour construire un discours dissonant au sein du cirque médiatique et en transgresser les codes. Accompagnés par Gérard Berréby, ils poursuivent ensuite la réflexion menée par Guy Debord dans La Société du spectacle en proposant un manifeste à l'intention des médias et de leurs consommateurs, Aucun détour ne ment. Irrévérencieux et iconoclastes, les artistes semblent être les héritiers directs du mouvement situationniste. Est-ce le cas ? Un acte créatif, un acte politique, un acte de contestation du système dominant s'inscrit-il toujours dans l'Histoire des luttes ? Comment et par quels moyens la volonté de transgression de deux étudiants photographes se dote-t-elle d'une dimension politique ? Ce combat vaut-il d'être mené ?


Né en 1987, membre de l’agence Hans Lucas et chargé de cours à l’École supérieure des arts décoratifs, Guillaume Chauvin travaille comme photographe et auteur, questionnant la subjectivité des images et affirmant son « point de vue documenté ». Établi un temps en Russie et concerné par les personnages « alternatifs » (légionnaires, footballeurs, mannequins, séparatistes…), il a publié dans la presse nationale et internationale (Le Monde, Libération, Feuilleton, 6 Mois, Paris Match, Desports…) et collaboré avec divers commanditaires (Ministère de la défense, Nike, Cnam, Alliance Française...). Parallèlement à cela et à ses interventions publiques (Arrêt sur image, France culture, Amnesty international, Faculté de Versailles…), il développe un travail d’écrivain (éditions Allia), et d’éditeur indépendant (Les éditions m’habitent). Ses travaux ont été exposés aux Rencontres d’Arles, à Stimultania (Fr), à la Faculté de journalisme de Moscou (Rus) et acquis par l’Artothèque de Strasbourg.

Alors qu'il cherchait ingénument à capturer la Réalité, Rémi Hubert rencontra Guillaume Chauvin auprès de qui il ébranla sa foi dans le spectacle du photojournalisme. Non mécontents de n'avoir trouvé la Vérité dans l'image, ils enterrèrent son spectre dans un curieux texte syncopé, chaperonné par l'éditeur Gérard Berréby. Rémi collabora par la suite aux Éditions Allia avant de mettre de côté mots et images pour se consacrer à des préoccupations plus prosaïques mais pas moins essentielles : la charpente traditionnelle en Périgord et le pâturage des moutons cévenoles.

Alain Kaiser entre au service photo des Dernières Nouvelles d’Alsace à Strasbourg avec une licence du Centre International d’Enseignement Supérieur de Journalisme (CIESJ, devenu CUEJ). Il quitte le quotidien au bout de cinq ans, puis voyage et photographie en Asie, en Afrique, aux États-Unis et en Europe. Il se rend de nombreuses fois au Sahara occidental pour couvrir le conflit armé entre le Front Polisario et le Maroc. Il photographie depuis plus de trente ans à Strasbourg, pour la presse nationale et internationale, les spectacles lyriques de l’Opéra National du Rhin. Il a enseigné la photographie pendant trente ans à l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, ainsi qu’au CUEJ et à l’EMI-CFD (Paris), défendant l’idée qu’il valait mieux « Ne photographier rien que beaucoup à moitié ". Il est à ce jour photographe-auteur, président et membre du conseil de programmation artistique de Stimultania, pôle de photographie, à Strasbourg. Il vit en Alsace.

Gérard Berréby est né le 2 août 1950 à Thala en Tunisie. En 1982, il fonde les éditions Allia, en débutant par la réédition de Mes inscriptions de Louis Scutenaire. En 1985, il établit l'édition des Documents relatifs à la fondation de l'Internationale situationniste, première somme autour des artistes expérimentaux appartenant aux mouvements lettriste et situationniste. En 1998, il recueille sous forme d'entretiens les souvenirs de Jean-Michel Mension dans La Tribu et révèle ainsi le climat parisien des années 50 dans lequel ont baigné les protagonistes qui fonderont plus tard l'Internationale situationniste. En 1999, il récidive en recueillant cette fois le témoignage de l'artiste anglais Ralph Rumney, dans un livre d'entretiens intitulé Le Consul. En 2001, il établit l'édition des écrits de l'artiste Gil J Wolman, sous le titre Défense de mourir, suivi en 2004 de l’édition des Textes et documents situationnistes 1957-1960, ensemble de documents rares ou inédits autour du mouvement situationniste. En 2007, il publie avec Danielle Orhan Le Général situationniste, entretiens avec Piet de Groof qui restituent le climat avant-gardiste à Bruxelles dans les années 50. En avril 2010 paraît son premier recueil de poésies, Stations des profondeurs. En 2011, Gérard Berréby devient rédacteur en chef de la revue trimestrielle Feuilleton. Au Théâtre de Gennevilliers en 2012, sa vidéo La Colle ne fait pas le collage est présentée sous la forme d’une performance, en lever de rideau de la pièce Le Fond des Choses créée par l’Institut des Recherches Menant à Rien. En 2014, dans une conversation au long cours avec Raoul Vaneigem, il revient sur les années soixante et soixante-dix. Paru sous le titre Rien n’est fini, tout commence, cet ouvrage se déroule à la manière d’un roman d’époque truffé de documents, de photos et de témoignages souvent inédits. Le catalogue des éditions Allia, dirigé par Gérard Berréby, compte à ce jour plus de six cents ouvrages.


Mention rien
- des diplômés option précarité - 2009.
Guillaume Chauvin & Rémi Hubert